En travaillant avec des enfants et des préadolescents en art thérapie

Écrit par Barbara Cipolla

Intervention au colloque

3 juillet 2010 - ARLES

Je vous raconte une histoire (dédiée à l'enfant qui est en vous même):

…. Il y avait une fois un Village, grand, grand , grand , sans frontières, sans les murs d'enclos, où les maisons n'avaient pas de toits parce qu'il ne pleuvait jamais, il ne faisait pas froid et il n'avait jamais neigé. Les gens qui habitaient dans ce Village utilisaient les maisons sans toit pour garder les chaussures et la nourriture nécessaire à vivre, mais ils ne les utilisaient pas pour y dormir ou y manger; chaque jour, en y étant beaucoup beaucoup de place pour tous, ils exploraient des nouvelles places où se reposer et se réunir pour manger ensemble. La chose la plus importante qu'un habitant de cette terre avait c'étaient ses chaussures, la chose unique vraiment utile pendant le jour pour se permettre d'explorer beaucoup de place et la nuit pour préserver les pieds des attaques d'insectes venimeux. L'animal unique dont ils avaient vraiment peur était celui-là! tous les autres fauves terrestres et aquatiques tournaient tranquilles sans se donner embarras et en jouissant de la terre et de ses fruits, qui semblaient ne finir jamais…

Les habitants étaient heureux, ils marchaient toujours à la tête haute et ils n'avaient jamais un motif pour se fâcher ou se disputer entre eux. Tant que… un beau jour… dans le Village le plus grand de tous les autres, un enfant très beau naquit mais sans les pieds. C'était une chose désastreuse! On n'avait jamais vu rien de semblable dans le Village.

Personne, non plus le plus sages, venu de loin pour aider les parents de cet enfant, ne savait trouver une explication ou une solution à cet événement. L'enfant commença à grandir dans sa maison sans toit en connaissant seulement les murailles d'argile et le petit bout de ciel dessus de lui; il restait des heures assis à regarder passer les nuages et il se demandait s' elles étaient toujours les mêmes à revenir chez lui ou si elles fussent toujours des nouvelles. Pendant qu'il les regardait il entendait dans sa bouche un goût moelleux et doux, il imaginait qu'elles fussent moues à toucher.

Et sa consolation plus grande était que les insectes venimeux, que tous craignaient comme la chose la plus effroyable de ce monde, étaient amicaux avec lui et ils allaient souvent le voir. Un jour il lui demanda quel goût eussent les nuages. Sûrement quelquefois - il pensa - en volant, ils se seront arrêtés à en goûter un petit morceau! Il s'étonna beaucoup quand ils lui firent comprendre qu'ils n'avaient jamais essayé à goûter les nuages… il resta sans mots. Les insectes ne parlaient pas, ils répondaient en les remuant en groupe et en créant des formes spéciales que l'enfant comprenait sans effort contrairement à ses parents et les habitants du Village qui les haïssaient et ils n'avait jamais communiqué avec eux.

Une chose encore plus belle des nuages alors lui apparut dans la stupeur enchantée devant ses yeux et ca l'ému … la forme que les insectes faisaient pour dire "non" c' était semblable à deux pieds.

Il le découvrit, il les admira, il pleura.

La chose qui désirait était là… présent devant ses yeux, d'une manière dans laquelle il ne l'avait jamais imaginé. Il pouvait faire quelque chose différent… oui…

il n'y pensa pas beaucoup. Il se roula pour quelque mètre dehors de la maison, tout ce qu'il suffisait pour saisir un tout petit bâton, et il commença

avec calme

à dessiner

les nuages

sur ses murailles d'argile.

Nuages qui marchaient sur les pieds.

Dans les yeux la joie de celui qui avait conquis toute l'espace qui est.

… (fin)

Cette fable m'aide à entrer avec des yeux d'enfant dans les idées que je voudrais aujourd'hui affronter ici avec vous: comme aider des enfants et des préadolescents à habiter leur corps, comme transformer chaque "rendez-vous" dans un atelier d'art thérapie en une "rencontre."

"Habiter signifie bien plus qu'avoir un toit sur la tête - dit un architecte célèbre ( arch. Norberg-Schulz, 1984) il signifie expérimenter la vie comme des multitudes de possibilité, en ayant coutume en plusieurs endroits, qui deviennent des espaces existentielles privilégiées correspondantes au besoin fondamental de l'homme d'avoir des points de rencontre. Pour que l'existence acquit du sens, et on puisse se sentir 'chez soi', dans le monde dont on fait partie, il faut pouvoir offrir abri et expression à ce que nous éprouvons devant l'inattendu, en humanisant et en construisant ce que nous appartient dans un échange nutritif d'imaginations, d' idées et d'ouvrages. En cet aller et retour d'échanges, nous connaissons nos limites et ceux d'autrui que, comme Heidegger dit, ils ne sont pas les points où les choses finissent mais plutôt ceux à partir d'où toute chose commence sa propre essence.

La vie n'est pas une place remplie d'objets mais c'est celle-là qu'on vit dans l'espace que elle même crée. Aux débuts c'est un mouvement mystérieux qui fusionne mère et enfant. En ce champ en changement continu, corps et milieu se mettent dans une condition d'échange constant et d'interdépendance réciproque. Nous pouvons penser que n'existe pas une place vide mais des manières différentes d'entendre l'absence et de se mesurer avec le désir de l'objet absent. La réalisation d'une correspondance plus ou moins satisfaisante entre fragilité pulsionnelle de l'enfant et affections de la mère peut offrir la possibilité d'une capacité naturelle de s'enraciner dans ses propres expériences et habiter heureusement son propre corps , ou au contraire des effets ravageurs pour la différenciation individuelle.

Dans la culture occidentale, cette différenciation de l'enfance à l'âge adulte est introduite aux enfants à travers le récit des fables, en décrivant ce passage comme une transformation inexplicable et magique dans lequel le corps est un élément tres perturbateur . Parfois le temps et le corps se congèlent dans un sommeil long cent ans, et le baiser du prince fait revenir en vie la princesse qui pour toujours sera aimée, ou le temps s'arrête dans un enfant qui ne veut pas grandir et se réfugie dans le monde des lutins ou dans l'île qu'il n'y a pas, ou le corps du prince reste encastré sous l' aspects de crapaud ou dans une bête répulsive; mauvaises sorcières, dragons ou ogres contrarient presque toujours le se transformer de l'enfant en adulte( F. Romano). Ainsi comme des paysages luxuriants deviennent des clairières arides ou terre glacées, et la nécessité du protagoniste est celle de parcourir des mondes étranges, d'user beaucoup de chaussures, de

dépasser des defis terribles pour reporter le soleil dans sa terre, ou pour faire ranimer les choses pétrifiées, ou pour devenir riche et heureux.

Ces images me posent une question: combien de souffrance et combien de courage la naissance du penser de l'entendre va comporter, combien il y a dans ces images de mémoire nostalgique de la fusion de l'être humain avec mère-nature et de la rencontre-collision inévitable avec la réalité et avec le temps?

L'enfant, qui est sensorialité surtout, de la naissance à la pre- adolescence est plongé dans la dimension spatiale et dans cette phase principalement la dimension temps est étroitement interconnectée avec la dimension espace; il n'a pas du sens pour le petit enfant la distinction entre passé, présent et avenir: tout est présent, parce qu'il est dans le présent . L'acquisition de sa propre frontière corporelle, des propres capacités corporelles, de son propre être et se remuer dans l'espace, la connaissance des sensations à travers les organisateurs physiques (organes de sens), ont la prédominance dans cette phase de façon que le temps de l'enfant est scandé par les conquêtes en ordre à la sphère de sa corporéité dans la dimension spatiale. Successivement, en concomitance avec les premières perceptions de soi même comme différencié par le reste du monde et ensuite déterminé, l'enfant, aux seuils de la latence, commence à percevoir le temps comme dimension linéaire et unidirectionnelle, projetée vers la fin et la mort, en distinguant hier d'aujourd'hui et de demain: la perception du fini et de la vulnérabilité paraît .

Comme il disait le maître Hector Berlioz sympathiquement: "le temps est un grand maître mais malheureusement il tue tous ses étudiants" .

Le passage de la première enfance à l'âge de latence semble constituer un moment de grande transformation soit des manières soit dans les formes de la pensée, soit dans le comportement social de l'enfant. De la pensée magique des premiers ans de vie, dominé par des fantaisies d'omnipotence qui lui permettaient de contrôler et connaître un monde perçu comme infiniment complexe, l'enfant passe à la plus grande reconnaissance de la réalité qui l'entoure et à la nécessité de venir aux pactes avec elle. Il ne peut plus se duper de transformer la réalité selon ses désirs avec le "nous faisons semblant que… ", mais il est encore dépourvu de ces instruments là qui lui permettent de la gouverner. Dans les années de la latence nous observons ainsi un continu osciller entre la tentative de différer le modèle magique-omnipotent et l'introduction d'une pensée qui mène à une action qui modifie la réalité concrètement.

La période sur laquelle je m'arrête le plus est celle des enfants et garçons que nous voyons à l'Artelieu dans les groupes d'art thérapie, des 6 à 12 ans, période définie par Freud (1905) âge de la latence: l'enfant, au couché du soleil du complexe œdipien, entre dans une phase de latence sexuelle en qui les pulsions sexuels se soumettent à un déplacement fort jusqu'à leur réapparition en puberté. Dans cette optique cette période est interprétée souvent comme la période dans laquelle l'enfant abandonne les fantaisies liées à ses propres désirs incestueux à l'avantage de la plus grande reconnaissance de la réalité, avec le résultat de le rendre moins créateur, plus stéréotypé et répétitif. Anna Freud, 1930 parle d'un enfant calme, modéré; elle voit la latence comme une période de construction de défenses solides qui finissent avec l'appauvrir la richesse et l'imagination des enfants jusqu'à les faire devenir des petits adultes. Même Mélanie Klein, (1932) écrit que les enfants dans cette phase ont une vie imaginative très limitée à cause de la tendance forte au déplacement. Pour beaucoup d'années on a répandu l'idée que le fonctionnement mental de l'enfant pendant la latence constituât un obstacle à l'analyse parce que le Moi travaillait pour le déplacement, en opposition aux tentatives de l'analyste de faire émerger l'inconscient.

Notre expérience clinique en art thérapie nous indique que les enfants en âge de latence ne semblent pas souvent avoir réussi dans ce travail de déplacement: il reste en eux vive une poussée insoutenable et

confuse de désirs et de questions inexplorés encore. L'exaspération de symptômes obsédants indique souvent non un excès de déplacement ou sa réussite mais plutôt la faillite de l'opération dans son complexe: aller au-delà et oublier les instances du passé est en effet une condition nécessaire pour un développement équilibré qui permette de pouvoir vivre dans le présent et de s'occuper de l'avenir.

L'hypothèse que je voudrais soutenir est que l'enfant, au cours de son développement, soit continuellement à la recherche d'une manière proportionnée pour gouverner et connaître la réalité qui l'entoure, soit celle externe soit celle interne, provenant de son corps. Ses instruments de connaissance se modifient continuellement mais le domaine à gouverner est riche de plus en plus de variables. Nous pouvons ensuite entendre les activités répétitives de l'enfant (collectionner figurines, ranger les jouets d'une certaine manière, jouer avec les numéros, les gestes réitérés etc.), pas seulement comme un processus défensif mais comme une nouvelle manière d'organiser son rapport avec soi même et avec la réalité, la tentative de cataloguer, systématiser la réalité pour la gérer avec les nouveaux outils à sa disposition.

Armando Ferrari (1998) voit dans la latence pas la fin du complexe œdipien, (par lui défini "constellation œdipienne") mais le passage d'une dimension enfantine philo génétiquement déterminée , caractérisée par un désir totalisant de possession (besoin de posséder les objets: la maman est à moi, le jouet aussi), à la dimension ontogénétique dans laquelle prévaut la formation de sa propre identité en laquelle est le besoin d'appartenance au groupe qui commence à dominer le champ mental de l'enfant, (mes amis à moi, mon groupe, ma classe). Le début et l'évolution de cette détermination en âge de latence jettent les bases pour la recherche d'une identité en adolescence; Bion écrivait (1974) que si un analyste regarde un enfant de près en latence avec toute l'intuition dont il dispose, il verra qu'il a déjà en soi les germes de la puberté. De notre champ d'observation l'âge de la latence est tout autre que un âge dépourvue de poussées pulsionnelles et de turbulences émotives. Les formes sont différentes dans lesquelles ces poussées créatrices peuvent s'exprimer dans une période que nous pouvons définir de préparation. Si cette préparation arrive de manière élastique suffisamment l'impact avec l'adolescence sera violent mais tolérable, s'il y a un excès d'organisation ou un excès d'élasticité la révolution physique et psychique adolescentielles seront difficiles à affronter.

Pourquoi l'art therapie en groupe avec des enfants de cet âge? Et pourquoi utiliser les fables?

La fable que moi j' ai lu au début m'aide à reprendre le discours initié il y a un an dans le colloque à Pescara: l'art-thérapeute n'a pas besoin de traduire les dessins ou les jeux de l'enfant dans un langage adultomorphe mais au contraire de tâcher de traduire ses pensées dans un langage accessible à l'enfant, observer et participer des codes émotionnels et cognitifs de l'enfant pour apprendre et interagir avec lui.

Le conte de fées capture l'attention de l'enfant, il nourrit et stimule son imaginaire. Dans le même temps, en utilisant un langage en syntonie avec celui enfantin, traite de problèmes humains universels; il peut devenir instrument de soin en tout ce qu'il permet à l'enfant de sympathiser avec la nature et le contenu de son inconscient, pas à travers une compréhension rationnelle mais à travers une interaction avec sa propre imagination, avec ses vécus émotifs et affectifs, avec son monde intérieur.

Jei hâte d' ouvrir une parenthèse étant donné que nous parlons d'image et imagination: la société actuelle société est définie société de l'image en général, à souligner que jamais dans l'histoire du genre humain on a consacrée telle 'importance à l'aspect visuel du vivre humain, de la représentation, du montrer et du se montrer. L'image en telle forme est une étrangère image, qui s'impose. Nous assistons à un vidage

incessant de l'intimité, comme si la donnée visible réussît à incorporer tous les intériorités existants possibles. Si l'imaginer représente une université humaine noble, en tel cas elle ne vient pas exercé activement, les gens subissent passivement la vitrine énorme que est devenue la société. L'imagination et l'intelligence créent des images qui se détachent de leur disposition mentale originaire pour les positionner à l'extérieur et devenir des idoles, dans un monde d'apparences dans lequel le réel est donné seulement par un extérieur arriver. C'est très probable que les images socialement proposées, aujourd'hui plus que hier, soient buées , absorbées, dans une sorte de "succion" visuelle sans solution de continuité, surtout des enfants et des adolescents et cela laisse des traces importantes dans notre travail sur l'imagination.

Rilke (1921), le poète de l'indicible, cherchait un nouveau regard qui dépassât l'apparence pure et la caducité des choses pour joindre au "travail de conversion continue du bien aimé visible et tangible dans la vibration invisible et agitation de notre nature". Il écrivait: "vision et monde extérieur coïncidaient partout comme s' ils fussent dans l'objet, en chaque d'eux il se révélait tout un monde intérieur". Très épatant le cycle de Poésies françaises intitulé "Les fenêtres"( trad. it. 1989). De la première des trois quatrains de la fenêtre n. III:

"Est-ce que tu n'es pas notre géométrie, fenêtre, forme très simple que sans effort tu contiens notre vie énorme?"

Nous fermons la parenthèse. Quand je parle de contes de fées et images en art thérapie je n'entends pas la lecture ou la représentation des contes de fées déjà écrit et prédéterminées mais la création dans le présent d'une histoire que soit une traduction, pas conscient, en images visibles, de la chargée émotionnelle forte, de sa propre autobiographie ou mieux de ses propres images intimes, semblable à la création de la métaphore chez les adultes.

Je pense à Rudy, 7 ans, adopté il y a deux ans de la Colombie, où il avait vécu en rue, qui propose très souvent le sujet du voyage et du changement d'habitat dans ses histoires: parfois en interprétant un petit lion blessé dans la jungle, (pour erreur de la mère lionne), qui est adopté et porté à la maison de deux explorateurs qui s'attachent et l'apprivoisent mais la destinée les sépare et le mène toujours à se perdre de nouveau et se faire poursuivre; autres fois un voyageur qui perd la route et reste presque pour mourir, et il trouve quelqu'un qui le sauve mais il ne réussira pas à lui tenir là parce qu'il repart et revient toujours dans les endroits d'où il est parti.

Nous ne portons pas en atelier des autres images imposées de l'extérieur dont les enfants déjà à 6 ans sont saturés, mais nous tâchons de donner vie à un monde fantastique qui utilise de façon créative les matériaux fournis par la réalité. Cela n'élimine pas la difficulté de pouvoir jouir de nouvelles images, crées ici en l'et maintenant, et pas de répétitions simples de dessins animés "sucées" de la télévision.

Nous offrons à l'enfant habituellement une stimulation imaginative, une piste pour commencer, tiré par tout ce que " circule dans la relation dans le moment de la rencontre, en mettant surtout un' attention flottante au comportement pas verbal: postures, gestes, silences, expressions du visage, ou, si le langage est pour lui compréhensible des phrases lancées vers le thérapeute ou le groupe.

À ce point commence le voyage dans l'imaginaire: l'enfant choisit le matériau avec lequel exprimer ses propres images, dessiner, peindre, manier l'argile, chiffonner le papier, recouper… et il est accompagné, soutenu, et quelquefois laissé libre, d'affronter les peurs tout seul, les obstacles représentés par les personnages plus ou moins nuisibles qu'il sent le besoin d'introduire.

La réélaboration des contenus émergés arrive à travers le jeu, le dessin, la construction d'une autre histoire, moments où insérer, avec délicatesse et respect, des éléments d'aide utile à attribuer du sens, à travers le langage symbolique du jeu, de l'imaginaire, du rêve.

Sonia, 5 ans, fille durement disputée de parents séparés, propose, dans l'histoire que elle et une autre fillette soient des bonnes fées, qui meurent en buvant une potion qu'elles croient magique mais qui se révèle par contre venimeuse. Quand le thérapeute, sollicité par deux enfants du groupe, veut résoudre le problème et les reporter en vie, elle accepte de se ranimer toute seule mais après peu minutes elle demande de mourir de nouveau. La partie du jeu que lui plaît n'est pas pour être ranimé mais pour rester allongée aux yeux fermé pendant que tous la regardent en désirant qu'elle se réveille.

L'enfant a besoin de messages symboliques, les seuls qu'il est apte à intérioriser, qui l'aident à affronter les privations et les problèmes qui le tourmentent. À travers l'identification avec les personnages que l'enfant dans cette phase de sa vie perçoit à soi plus près, à son monde intérieur, il est possible de trouver un sens et construire un autre bout de sa propre identité, accolé par le témoin-art thérapeute. On laisse que le corps raconte son histoire et s'ouvre successivement puis un dialogue entre le moi et ses images.

Pourquoi en groupe? La réponse en partie on l' a déjà été donnée. L'enfant dans la constitution de son identité est poussé vers le désir d'appartenir à un groupe resserré de personnes du même âge, le partager des expériences devient la condition meilleure pour vérifier, comparer, opposer, comparer ses propres potentialités et expectatives avec celles d'autrui.

Quelques extraits de l' atelier:

Gabriele, 5 ans, qui veut être leader du groupe en s' opposant au thérapeute habituellement, se transforme dans un grand chien, qui veut saisir entre les crocs tous les autres enfants transformés en autres animaux et il y essaie avec grande force, au point qu'on doit l' arrêter pour ne pas faire dommages physiques aux autres; un autre enfant feint d'être blessé par le chien gravement et il se jette à la terre agonisante. Le thérapeute invite une stagiaire, qui l'assiste dans l'atelier, à entrer en scène comme docteur, mais à ce point Gabriele veut être meme lui le docteur et le thérapeute l'invite à porter une civière pour le blessé. Il se déplace ainsi dans un autre personnage, il est metteur en scène et acteur dans les rôles différents. Tout de suite il décide de devenir un petit chien qui veut partir ensemble à un autre chien devenu son ami ( l'enfant blessé et guéri par lui). Le thérapeute peut ainsi suggérer aux deux de construire un véhicule avec lequel faire le voyage ensemble. Et ils décident de faire un camper ensemble.

Les personnes du même âge deviennent les innombrables alter ego avec lesquels les comparer et dans lesquels se reconnaître à la distance de sûreté sans se sentir écrasé par l'angoisse et desquels aussi se distinguer et se différencier.

Gianluca, 7 ans, il y a peu de temps qu'il est entré dans le groupe. Il parle à la haute voix sans respecter les tours et il n'écoute pas les autres, il suit son discours dans l'invention des histoires. Il prend un détail et il recoupe une partie dans laquelle il peut observer et gérer les autres en même temps de loin. Pendant que les enfants jouent à faire les cavaliers et le roi, il veut faire le rôle de lanterne du château avec la prérogative d'allumer et éteindre les lumières dans la pièce . Dans une séance suivante, trois enfants veulent faire les explorateurs qui vont dans la jungle avec le parachute, un autre veut faire le lion, il décide de faire la tour de contrôle que de loin, via radio ou via ordinateur doit envoyer les ordres sur la direction à prendre. Il ne laisse pas place initialement aux réponses des camarades, il parle comme s'il fut tout seul, mêmes son rôle est hors de l'espace habité par les autres. Dans le cours des séances, le thérapeute l'aide à

modulaire ses interventions, le mène à donner sens à ce qu'il fait dans la relation, à reconnaître que son rôle est co-construit les autres avec. Après trois mois, dans une séance dans laquelle nous décidons de créer avec l'argile les personnages d'une histoire inventée la fois précédente, il fait une tour de contrôle de nouveau et, pendant qu'avec les mots il avait décrit la tour comme 100 mètres éloignés des autres protagonistes, dans le moment de la situer physiquement à l'intérieur d'une place de représentation, il la met toute proche, à peu centimètres des statuettes des autres. Il réussit à rester en silence enfin et écouter ce qui arrive hors de lui sans se faire emporter de l'angoisse.

Le reflet affectif reçu par le groupe comme objet spéculer, le copartage d'une part moindre de l'omnipotence du groupe comme objet idéal, l'expérience d'appartenance, copartage, interaction corporelle ont graduellement lui permis aussi l'acceptation de ses limites et une reconnaissance initiale de l'objet relationnel, comme séparé de soi et pas comme une propre extension sur laquelle exercer son contrôle.

Je vous raconte une des dernières histoires que les enfants du mercredi ( c'est une manière affectueuse de citer mon groupe d'art thérapie pour ne pas faire les noms de tous) ont créé.

Nous avons commencé en construisant des images visuelles, des arbres imaginaires, avec carton et plastique, décorés à l'aide de techniques différentes, en utilisant du scotch coloré, fils, ficelles, cordes, étoffes etc. et d'ici nous avons commencé le voyage… vers les images intérieures.

Flavio, 10 ans, raconte d'un arbre qui contient un dragon encastré ( les ailes sortent du tronc et ils sont visibles), immobilisé dans lui d'un enchantement terrible. Le cavalier qu' il y a longtemps guidait ce dragon était resté tué dans la guerre entre elfes et demi-elfes et il y avait besoin de quelqu'un qui fût prêt à se mettre à son guide en rompant l'enchantement. Ce guide est le personnage choisi par pour interpréter cette histoire, un demi-elfe qui vient de l'union de deux réalités très distinctes, un elfe et un humain, et il sera apte à battre les elfes et de donner vie au dragon. Intéressant la disposition entre l'univers enfantin (des elfes) et celui de l'adolescence-adulte (des humain) qui exprime tout le sens d'extranéité et peur, mais il contient en soi aussi une poussée créatrice vers la formation d'une identité définie par le changement physique.

Luca, 8 ans, dans le même atelier construit l'arbre-Pinocchio, un arbre seul, "guignard", sans amis, qu'il ne sait pas quoi faire, qui sera tué sans se pouvoir défendre et il reste là mort. Il n'y a rien à faire pour lui. Dans la rencontre suivante je lui propose d'imaginer ce qu'il arrive après beaucoup d'années à cet arbre mort. Il y pense, et il me dit: il s'est décomposé et il y a un de-compositeur animal qui l'a mangé et maintenant l'arbre vit dans lui, après on va le construire avec l'argile, il ressemble à un long serpent. Le temps a recommencé à couler dans lui, malgré l'annihilation que l'idée de la mort lui provoque.

Le travail de l'art thérapeute n'est pas en le comprendre les contenus qui cachent les histoires ou les dessins des enfants, mais en créant des ponts, en facilitant des mouvements entre les parties différentes, donner la possibilité d'expérimenter des nouveaux coloriages émotifs lors de la relation.

Tels exemples décrivent le travail accompli par ces enfants dans la tentative d'affronter les angoisses de la croissance et dans l'effort de faire avancer la recherche de sa propre identité; pour pouvoir dialoguer avec soi même l'enfant doit pouvoir prendre une distance émotive des propres expériences pour les observer sans être écrasé par l'angoisse: le jeu, le conte de fées, le dessin, la dramatisation sont une manière de trouver en même temps la souffrance et la consolation à elle. Ils sont des outils bons - transférant les mots

du poète R.M Rilke - s' ils naissent d'une nécessité intérieure: "il est nécessaire que rien nous arrive d'étranger, mais seulement combien depuis de temps il nous appartient" .